Élection Européene, faisons de la justice fiscale la grande cause commune de la gauche

Jérôme Cahuzac et Apple. Deux noms qui ont aujourd’hui une résonance particulière. D’un côté, un ministre fraudeur et menteur, de l’autre une multinationale multi-récidiviste en matière d’évasion fiscale qui poursuit en justice des militants associatifs pour les faire taire.

Je crois que cette mise en lumière est salutaire. À nous de la saisir, avec force. La lutte contre l’évasion fiscale doit être une priorité. Pas une priorité de façade, mais une priorité d’actes. En premier lieu, il faut faire sauter le verrou de Bercy, insupportable instrument qui acte le principe d’une justice à deux vitesses. Non, il ne doit pas y avoir de différences de traitement face à l’impôt. Sauf à accepter le glissement d’une République démocratique vers un régime de type monarchique, cet outil, qui relève en réalité plus d’un privilège que d’un droit, n’a plus sa place en France en 2018.

On parle souvent de grandes idées, de marqueur qui peuvent rassembler largement des forces diverses et variées. L’évasion fiscale peut être cette idée, ce marqueur. Alors que les élections européennes approchent, je soumets cette proposition : pourquoi ne pas faire de la lutte contre l’évasion fiscale au niveau européen un critère de convergence des forces progressistes de gauche ?

Pour mener de multiples initiatives à l’échelle du département du Tarn-et-Garonne, mais aussi au niveau national, je suis convaincu que cette question, dont les citoyens mesurent aujourd’hui de façon précise les enjeux, peut être l’étincelle qui rallume l’espoir de la gauche. Cette gauche rassemblée, riche de sa diversité, qui doit être une machine à créer de l’espérance. Sommes-nous, oui ou non capables, de nous rassembler sur 4 ou 5 grandes idées ? Si tel n’était pas le cas, cela marquerait un échec retentissant pour la conception de la politique telle que je la conçois. À savoir construire collectivement au service de l’intérêt général.

Alors que chaque jour les services publics se dégradent, que la pauvreté explose, que les salaires sont pressurés, il devient de plus en plus difficile pour les tenants d’un libéralisme sans aucun contrôle politique et public, de justifier la fuite, chaque année, de près de 80 milliards d’euros dans les paradis fiscaux.

La clé de demain doit être l’intervention citoyenne. Si les peuples s’emparent de ce sujet, et l’érigent en totem de la lutte contre les inégalités, les puissants de ce monde verront leur impunité s’effondrer comme un château de carte. Combien d’hôpitaux neufs, de maisons de retraite publiques, de lignes de trains, d’emplois pouvons-nous réaliser avec les sommes pharaoniques qui échappent chaque année au budget de l’État ? Les perspectives sont immenses ! Pourquoi ne pas en faire notre prochaine bastille, prenons-la !

L’enjeu qui se pose à nous aujourd’hui est immense. Bien évidemment, si l’affaire Apple met en lumière des pratiques institutionnalisées d’évasion fiscale, elle doit nous interpeller sur la stratégie de la multinationale pour faire taire celles et ceux qui dénoncent ses pratiques.

À l’instar de ce qui se passe avec Cédric Herrou ou Laura Pfeiffer, lanceuse d’alerte contre TEFFAL, les puissants ne se contentent plus de nier, ils tentent de réduire au silence toutes celles et ceux qui s’opposent à leurs pratiques. Aujourd’hui nous devons être solidaires des militants d’ATTAC, ils n’ont rien à faire sur le banc des accusés ! Ce sont les fraudeurs qu’il faut juger !

L’intervention citoyenne, l’expertise associative, syndicale qui sont essentielles à notre démocratie ne doivent jamais céder devant l’intimidation et les tentatives de bâillonnement.

Cahuzac, Apple … Deux symboles d’une oligarchique dont nous ne voulons plus. Ils veulent être dans l’ombre, mettons les dans la lumière !

Je partage totalement l’idée selon laquelle le rassemblement de demain doit se construire autrement que par l’addition de sigles, aussi beau soit-il. Il doit se construire au plus près des territoires, il doit émerger d’une volonté citoyenne, il doit être l’incarnation de luttes partagées largement par le peuple de gauche. Mais dans cette nouvelle forme de construction politique, les partis ont et auront toujours leur place. Sûrement sous une forme différente, j’en conviens, mais il serait extrêmement dangereux de les définir comme appartenant au « passé ».

Alors, faisons preuve de courage politique, écoutons l’exigence citoyenne, et faisons de la lutte contre l’Évasion Fiscale, le marqueur du rassemblement de demain.

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